La Crise de l’homme by Albert Camus (1946) (read in 2022)
Published by marco on
Standard disclaimer[1]
This is a short lecture delivered by Albert Camus at Columbia University. He spoke of humanity’s moral decline—or more the obvious fact that it was less declining and more failing to rise to any occasion—and how we should continue to strive for peace, despite the hopelessness of the endeavor. He takes particular issue with the intrinsic hypocrisy that underlies every society we’ve known.[2]
It is our hypocrisy that prevents us from truly moving forward because we are congenitally incapable of accepting our mistakes, so that we cannot learn from them. Instead, we deny them.
On the subject of WWII and Hitler, still very fresh in everyone’s mind,
“[…] nous devons rechercher les causes plus générales qui ont rendu possible ce mal affreux qui s’est mis à ronger le visage de l’Europe.”
instead of being led by any moral purpose, we allow ourselves to live by the rules of a base philosophy, one that inverts a moral logic, where might makes right, where success implies goodness.
“Et puisque nous pensions que rien n’a de sens, il fallait conclure que celui qui a raison, c’est celui qui réussit, et qu’il a raison pendant le temps qu’il réussit.”
And, a little further on, the same thought expressed slightly differently,
“[…] on justifie tous les actes non pas en ce qu’ils sont bons ou mauvais, mais en ce qu’ils sont efficaces ou non.”
This is the world we had in 1946 and this coarse, base philosophy survives today, unabated, having gained power, having enmeshed itself even more deeply into society’s entrails, cooing its message of inevitability. It has a message for those who would dare oppose it,
“On ne pense pas mal parce qu’on est un meurtrier. On est un meurtrier parce qu’on pense mal.”
This is very much the clarion call of our day, nearly a quarter of the way through this, our twenty-first century. If you can control thought, you can control people. And since there is no moral compunction against controlling thought, society chooses this path, rather than convincing anyone of the superiority of its ideas and principles. It cannot do so because it has none, as discussed above.
But even Camus doesn’t end his thoughts on such a dark note. Instead, he expresses his hope,
“[…] ce monde doit cesser d’être celui de policiers, de soldats et de l’argent pour devenir celui de l’homme et de la femme, du travail fécond et du loisir réfléchi.”
Citations
“Quant à l’attitude morale de cette génération, elle était encore plus catégorique: le nationalisme lui paraissait une vérité dépassée, la religion un exil, vingt-cinq ans de politique internationale lui avait appris à douter de toutes les puretés, et à penser que personne n’avait jamais tort ou raison. Quant à la morale traditionnelle de notre société, elle nous paraissait ce qu’elle n’a pas cessé d’être, c’est-à-dire une monstrueuse hypocrisie.”
“Elles me permettent de répondre comme ont répondu tous les hommes dont je parlais: «Oui, il y a une Crise de l’Homme, puisque la mort ou la torture d’un être peut dans notre monde être examinée avec un sentiment d’indifférence ou d’intérêt amical ou d’expérimentation ou de simple passivité.»”
“J’ai toujours pensé qu’une nation était solidaire de ses traîtres comme de ses héros. Mais une civilisation aussi. Et la civilisation occidentale blanche, en particulier, est responsable de ses perversions comme de ses réussites. De ce point de vue, nous sommes tous solidaires de l’hitlérisme et nous devons rechercher les causes plus générales qui ont rendu possible ce mal affreux qui s’est mis à ronger le visage de l’Europe.”
“[…] une perversion des valeurs telle qu’un homme ou une force historique n’ont plus été jugés en fonction de leur dignité, mais en fonction de leur réussite.”
“Bien plus, les plus conscients d’entre eux s’apercevaient qu’ils n’avaient encore dans la pensée aucun principe qui pût leur permettre de s’opposer à la terreur et de désavouer le meurtre.”
“Et puisque nous pensions que rien n’a de sens, il fallait conclure que celui qui a raison, c’est celui qui réussit, et qu’il a raison pendant le temps qu’il réussit. Et c’est si vrai qu’aujourd’hui encore des tas de gens intelligents et sceptiques vous déclarent que si par hasard Hitler avait gagné cette guerre, l’Histoire lui aurait rendu hommage et aurait consacré l’atroce piédestal sur lequel il s’était juché”
“Et nous ne pouvons pas douter en vérité que l’Histoire telle que nous la concevons, aurait consacré M. Hitler et justifié la terreur et le meurtre comme nous le consacrons et les justifions au moment où nous osons penser que rien n’a de sens.”
“Car s’il est vrai que l’Histoire obéit à une logique souveraine et fatale, s’il est vrai selon cette même philosophie allemande que l’État féodal doit fatalement succéder à l’état anarchique, puis les nations à la féodalité, et les empires aux nations pour aboutir enfin à la Société universelle, alors tout ce qui sert cette marche fatale est bon et les accomplissements de l’Histoire sont les vérités définitives.”
“[…] on justifie tous les actes non pas en ce qu’ils sont bons ou mauvais, mais en ce qu’ils sont efficaces ou non.”
“Car si rien n’est vrai ni faux, si rien n’est bon ni mauvais, et si la seule valeur est l’efficacité, alors la règle doit être de se montrer le plus efficace, c’est-à-dire le plus fort.”
“Que ce soit à l’intérieur des nations ou dans le monde, la méfiance, le ressentiment, la cupidité, la course à la puissance sont en train de fabriquer un univers sombre et désespéré où chaque homme se trouve obligé de vivre dans le présent, le mot seul d’« avenir » lui figurant toutes les angoisses, livré à des puissances abstraites, décharné et abruti par une vie précipitée, séparé des vérités naturelles, des loisirs sages et du simple bonheur.”
“[…] appeler les choses par leur nom et bien nous rendre compte que nous tuons des millions d’hommes chaque fois que nous consentons à penser certaines pensées. On ne pense pas mal parce qu’on est un meurtrier. On est un meurtrier parce qu’on pense mal.”
“Cette génération pense, en somme, que celui qui espère en la condition humaine est un fou et que celui qui désespère des événements est un lâche.”
“C’est parce que le monde est malheureux dans son essence, que nous devons faire quelque chose pour le bonheur, c’est parce qu’il est injuste que nous devrons œuvrer pour la justice ; c’est parce qu’il est absurde enfin que nous devons lui donner ses raisons.”
“[…] ce monde doit cesser d’être celui de policiers, de soldats et de l’argent pour devenir celui de l’homme et de la femme, du travail fécond et du loisir réfléchi.”
“C’est l’indication que seul l’esprit socratique d’indulgence envers les autres et de rigueur envers soi-même est dangereux pour les civilisations du meurtre.”
“C’est l’indication que seul l’esprit socratique d’indulgence envers les autres et de rigueur envers soi-même est dangereux pour les civilisations du meurtre. C’est donc l’indication que seul cet esprit peut régénérer le monde. Tout autre effort, si admirable soit-il, dirigé vers la puissance et la domination, ne peut que mutiler l’homme plus gravement encore.”
I’ve just read the comic Simone Weil Takes Ethics 101 by Corey Mohler (Existential Comics), which writes,
↩“She pointed out that there were certain similarities between every moral system history. For example, every religious and moral system has always said that if a rich man walks by a poor and starving man, he is obligating to give him money and food. Another interesting one is that every moral system agrees that people in power should be punished for moral digressions more than people without power and responsibility.
“[…]
“Weirdly, when we look at actual societies, these universally agreed upon moral rules have never been applied. […] Why the disconnect? It’s almost enough to make you think society is not organized around moral principles.”